- “Je suis plus chat que chien, un chat c’est à la fois câlin et indépendant, le top ! “
- “Ah ouais ? Moi je suis plus chien, je trouve les chats trop distants !”
Je suis sûre que vous avez déjà entendu cette conversation, ou même que vous l'avez eue vous-même. On a tous tendance à comparer rapidement les comportements des chats et des chiens au quotidien, mais qu’en est-il réellement ? Est-ce que les chats sont vraiment plus indépendants, versatiles et territoriaux que les chiens ? C’est ce qu’on va voir !
N.B.: Avant d’aller plus loin, je tiens à préciser que les informations données dans l’article sont des grandes tendances. Chaque individu est unique, et peut très bien présenter des comportements plus ou moins proche du “standard” de son espèce.
Le chat, plus “sauvage” que le chien ?
Les deux espèces ont bien été domestiquées, mais le chat plus récemment que le chien : -10 000 ans vs -15 000 / - 30 000 ans (selon les sources). La domestication a donc eu bien moins de temps chez le chat pour modifier les caractéristiques biologiques, physiques et comportementales de son ancêtre sauvage que chez les chiens.
En plus d’être domestiqué depuis moins longtemps que le chien, le chat n’a pas ou très peu été “activement” sélectionné par l’Homme pour accomplir sa tâche de prédilection : protéger les cultures. Chasser les rongeurs est instinctif pour le chat, il n’y a pas eu besoin de les sélectionner pour cette tâche. Les Hommes laissaient donc les chats évoluer autour d’eux sans intervenir dans la reproduction des individus, contrairement au chien. Les chiens, eux, ont été façonnés par l’Homme pour accomplir toute une variété de tâches précises : chasse, protection, conduite de troupeau,... Pour arriver à ses fins, l’Homme a donc choisi et croisé des individus jusqu’à créer des races de chiens : des lignées d’individus spécialement sélectionnés pour un ou des comportements et/ou traits physiques qui leur donnaient un avantage dans la réalisation d’une tâche précise. Les races de chats, elles, sont beaucoup plus récentes, et la sélection est (quasiment) uniquement faite sur des critères géographiques et/ou esthétiques. Il y a donc beaucoup moins de variations de tendance comportementale entre les races de chats que de chiens !
Tout cela fait que les chats actuels sont beaucoup moins éloignés physiquement et comportementalement parlant de leurs ancêtres sauvages que ne le sont les chiens actuels. C’est ce qui explique par exemple que tous les chats savent repérer, fixer, traquer, approcher, attraper, tuer et consommer une proie (soit une séquence de prédation complète), alors que ce n’est pas le cas chez tous les chiens.
Les chats ont aussi plus tendance à fuir une situation dangereuse ou effrayante que les chiens, chez qui l’Homme a pu vouloir sélectionner des tendances à faire face plutôt qu’à fuir. C’est ce qu’on voit chez certaines races de conduite de troupeau par exemple, qui vont rester plantées avec peu d’apprentissage préalable devant des animaux récalcitrants qui sont capables de les tuer (des vaches) pour accomplir leur tâche (leur faire changer de direction).
Enfin, et comme les chats n’ont pas été sélectionnés pour travailler directement avec l’humain (ils chassaient très bien les souris tout seuls), ils ont moins développé de compétences en ce sens que les chiens : attention envers l’humain, persévérance dans le travail, coopération dans la résolution de problème, suivi naturel du regard humain,... Il est donc généralement plus long et ardu de leur apprendre des choses, même s’ils en sont capables ! Ils peuvent apprendre de la manière qu’un chien, il leur faut juste plus de temps et de motivation.
De façon générale donc, les chats ont un profil comportemental qui a été moins modifié par l’être humain que les chiens.
Le chat, plus indépendant que le chien ?
C’est ce qu’on entend souvent, et ce n’est pas sans raison. Le chat est en effet une espèce plutôt solitaire, alors que le chien est une espèce sociale. Mais qu’est-ce que ça veut dire exactement ?
Les individus d’une espèce dite solitaire vont vivre seuls et avoir tendance à éviter les contacts, à l’exception des périodes de reproduction et de soins des petits. Les individus d’une espèce sociale, eux, vont avoir tendance à vivre en groupe plus ou moins stables dans le temps et leur composition, avoir des interactions entre eux, et partager des activités.
Le chat aura donc naturellement tendance à éviter les contacts avec ses congénères s’il le peut, même s’il peut être capable de cohabiter avec d’autres chats. Les chats peuvent en effet se regrouper spontanément autour de ressources, notamment alimentaires. Plus ces ressources seront abondantes et réparties, plus le groupe pourra être important. Petite parenthèse: c’est pour cette raison qu’il est très important d’augmenter le nombre et la répartition des ressources quand on a plusieurs chats à la maison et/ou le projet d’adopter un petit nouveau !
A l’exception de ces regroupements spontanés, qui sont très dépendants de la densité en ressources, le chat est donc plutôt solitaire, et moins bien “équipé” que le chien pour la vie en communauté. Par exemple, les chats ont généralement plus de difficulté à gérer leurs émotions que les chiens. Et oui ! Quand vous vivez seul, vous n’avez pas besoin de savoir gérer votre colère, votre frustration, ou votre excitation. C’est quand vous vivez en groupe que l’auto-gestion émotionnelle est nécessaire, au risque d’impacter négativement les relations entre individus et donc la cohésion du groupe. Cela explique (en partie) pourquoi les chats peuvent avoir des réactions assez fortes et soudaines dès qu’une situation ne leur convient plus. Ils peuvent “prendre sur eux” mais moins facilement et moins longtemps en moyenne que les chiens. Ce n’est pas de la mauvaise volonté, ils n’ont juste pas la même version du logiciel interne “émotions” que les chiens, et ça vient notamment du fait qu’ils sont naturellement plutôt solitaires.
Le chat, plus territorial que le chien ?
Là encore, c’est à nuancer, car la notion de territoire n’existe pas plus chez le chat que chez le chien dans sa définition éthologique, mais la tendance serait plutôt vraie. Démêlons tout ça !
Un territoire est une zone délimitée par l’animal qui l’occupe et dont il défend les frontières, c'est-à-dire qu’il chassera et/ou affrontera les individus de la même espèce qui souhaitent y entrer malgré les frontières communiquées par le propriétaire. Cette définition ne s’applique ni au chien, ni au chat.
Cela peut surprendre, mais le chat n’a pas de territoire, il a ce qu’on appelle un domaine vital. C’est une zone dont les limites ne sont pas très définies, qui peut chevaucher les domaines vitaux d’autres chats, et dont le propriétaire ne défend pas activement les frontières. Les marquages urinaires des chats ne sont d’ailleurs pas répulsifs pour les autres chats, c’est-à-dire que les chats qui les détectent ne rebroussent pas chemin. Ils agissent plus comme des bornes informatives que comme des barrières olfactives.
Ce qui correspond à l’idée reçue que le chat serait plus territorial que le chien est le fait que le chat est généralement plus attaché à son domaine vital que le chien. Le chien, s’il en a l'occasion, a plutôt tendance à explorer son environnement, sans être particulièrement attaché à une zone en particulier. Par exemple, si vous laissez le portail ouvert chez vous sans y être pendant 15 jours, il y a des chances pour que votre chien aille où le portent ses découvertes. C’est ce qui explique aussi que votre chien adore se balader : cela lui permet d’explorer de nouveaux endroits, même s’il ne les connaît pas. Alors que le chat, généralement, sera bien moins à l’aise s’il n’est pas dans un endroit connu et cartographié par ses soins : son domaine vital.
Les chiens et les chats ont donc bien des origines et un fonctionnement différents en tant qu'espèces. Malgré cela, et grâce à l’extraordinaire plasticité comportementale dont les deux savent faire preuve, ils ont maintenant une place de choix dans un grand nombre de foyers humains. Se pencher sur leurs caractéristiques permet de mieux les comprendre et de voir leurs différences comme une richesse incroyable à côtoyer au quotidien ! J’espère que vous observerez vos petits félins de compagnie avec un nouveau regard et que vous vous émerveillerez de leurs particularités comportementales, qui sont le témoin de leur évolution à nos côtés ;)
Article rédigé par Caroline de Truffologie
Cynologiste - Éducation et comportement canin et félin
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