Lorsque l’on parle de balades collectives auxquelles participent des chiots, de cours de groupes chiots de types maternelles ou écoles pour chiots, une question revient régulièrement. De façon générique, elle pourrait ressembler à « est-ce qu’il faut inclure des adultes ? ».
En observant un peu les échanges à ce sujets, nous avons constaté que les avis sont partagés et les arguments parfois capillotractés.
Je vous propose donc aujourd’hui quelques éléments de réflexion…
Quel serait le rôle de l’adulte ?
Ou plutôt comment l’humain fantasme sa délégation de responsabilités à un chien ?
Tout d’abord, l’idée qu’un adulte puisse encadrer un ou des chiots, est à elle-seule une contre-vérité, ou à minima un concept humain très théorique.
En effet, dans l’immense majorité des cas, pour ne pas dire la totalité et laisser une place aux exceptions, nous pouvons observer qu’un adulte bien dans ses pattes, ne va pas particulièrement s’occuper des interactions entre les chiots. Il va éventuellement, et avec beaucoup beaucoup de tolérance, gérer les chiots qui viendraient l’embêter, mais c’est tout. Et par gérer, je veux dire seulement leur faire comprendre lorsque leur approche physique est trop envahissante que ça peut aboutir à une réprimande canine.
Nous pouvons également observer des adultes jouer avec des chiots, les exciter, les poursuivre, et se prêter à diverses joyeusetés, mais ce n’est en rien de l’encadrement. Pour faire une analogie humaine, reconnaissons que tatie bidule ou cousin machin, qui passent leur temps à sauter sur les lits avec vos enfants ou à leur apprendre des pitreries, n’ont pas un rôle d’encadrants. De défouloirs vecteurs d’émotions fortes oui, mais ça ne va pas plus loin.
Certains pourraient s’imaginer que le chien adulte va jouer le rôle de « gendarme » qui intervient dans les interactions entre chiots. Parfois ça arrive en effet, mais une fois encore dans l’immense majorité des cas, pour ne pas dire la totalité et laisser une place aux exceptions, nous pouvons observer que l’adulte agit de la sorte en fonction de son état d’esprit et de ses propres particularités et problèmes comportementaux et relationnels, ce qui engendre malheureusement plus de mal que de bien pour les petits.
Si nous nous arrêtons un instant sur les exceptions, les adultes qui seraient de parfaits encadrants de chiots qui ne sont pas les leurs, sans les traumatiser, dans leurs interactions à eux (ce qui est aussi peu probable que la repousse naturelle de mes cheveux), il serait de toute façon très important de laisser aussi des moments libres pour que les chiots expérimentent par eux-mêmes. Bien-sûr, sous réserve que l’humain ait anticipé au maximum la gestion de l’environnement afin de limiter les dangers. N’oublions pas de prendre pleinement nos responsabilités.
Vous l’aurez compris, la présence d’adultes canins pour encadrer est une vision qui semble assez éloignée de la réalité que l’on a pu observer.
Toutefois, ceci ne veut pas dire que les adultes doivent être exclus des moments de rencontres et découvertes des chiots !
Ils auront même un rôle important à jouer dans les apprentissages de communication et comportementaux. L’imitation est un mode d’apprentissage très présent dans le monde canin. Ceci étant dû au fait qu’il est présent dans l’environnement sans être « imposé » par une séance de travail. Il est donc accessible au conscient des chiots lorsqu’ils sont les plus disposés à apprendre : quand ils y portent un intérêt par eux-mêmes. Et il n’est plus à démontrer que motivation, intérêt, et efficacité d’apprentissage sont intimement liés.
Notons également le fait que le cerveau perçoit le monde du non-conscient vers le conscient. Sans entrer dans des détails psycho parfois lourds à expliquer, il est intéressant de considérer que tout ce qui est présent dans l’environnement sensoriel du chiot, même s’il n’y porte pas une attention active, sera une source d’apprentissage latent. Le comportement des autres chiens sera donc potentiellement très utile, même s’ils font simplement leur vie de leur côté.
Lorsque l’on souhaite encourager ce mode d’apprentissage, il faudra toutefois veiller à organiser l’environnement et choisir les « modèles adultes » en n’oubliant pas qu’il est aussi malheureusement possible qu’il en résulte des apprentissages limitants.
Pour terminer, il est important de considérer aussi que la présence d’adultes dans les activités dédiées aux chiots sera propice à multiplier les sources de communications, et donc les apprentissages qui y sont liés. Bons ou mauvais.
J’insiste une dernière fois sur le fait qu’espérer que le chien adulte va encadrer le chiot dans son éducation, de façon équilibrée et sereine, semble tenir plus du fantasme humain que d’une réalité de terrain observable. N’oublions pas que la plupart des apprentissages que l’on souhaite intégrer dans la vie de nos chiots/chiens n’ont de valeur que dans notre vision humaine du monde, et qu’ils n’auraient aucune raison d’être dans une société 100% canine. A partir de ce postulat, il semble assez logique de considérer que les chiens entre eux n’auraient pas de raison de se les transmettre de génération en génération.
En conclusion, je pense qu’il n’est pas essentiel d’inclure des adultes dans toutes les activités dédiées aux chiots. Procéder en alternance semble être une bonne option. Et le choix des adultes sera bien plus important que la quantité de leur présence.
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